Situation géographique
43° 06′ 01″ N / 5° 48′ 22″ E
La commune de Six-Fours-les-Plages occupe la partie ouest de la presqu’île du cap Sicié, sur une superficie de 2658 hectares.
Au nord, la baie de Sanary, au sud, la rade du Brusc fermée par l’archipel des Embiez.
(Abri pour les bateaux qui viennent y mouiller par gros temps, sauf par mistral)
Origine du Cap Nègre
Issue d’un volcan situé dans le secteur d’Evenos (Le Beausset) il y a 6 millions d’années, la pointe du Cap Nègre est composée de deux coulées de lave superposées.
Elle tient son nom de la couleur noire du basalte (nègre : du latin niger et de l’occitan negra), sa superficie est d’environ 7 hectares.
Promontoire naturel dégagé, elle offre une vue sur la mer d’environ 200°.
Hypothèse de l’origine du nom Six-Fours
Il faudrait comprendre « fours » comme une forme ancienne de langue pré-indo-européenne de « For-n », se rapportant à des lieux directement en rapport avec la mer, signifiant « rocher » et qui correspondrait aux 6 îles/rochers bordant la côte : le Grand Rouveau et le Petit Rouveau, le Grand Gaou et le Petit Gaou, Saint Pierre et la Tour Fondue (deux anciennes îles réunies pour former les Embiez).
Bref historique
La rade du Brusc accueille, à partir du IIIème siècle avant JC, un comptoir de négociants massaliotes (Massalia = Marseille), Tauroeis que les Romains nommeront Tauroentum, conservé dans le nom du quartier Taurens. La surveillance de la côte devenue primordiale face aux pillards venus de la mer, un système de feux signalant l’approche des navires suspects est élaboré sur les positions hautes de la baie (les farots).
Construction de batteries
À partir des années 1670, sous le règne de louis XIV, l’arsenal de Toulon prend son essor. Unique siège de la puissance navale française en Méditerranée, le port de guerre de Toulon a besoin d’un système de défenses côtières fortifiées.
Après une visite de Vauban en 1694 et devant la menace d’une escadre anglaise au printemps 1695, le maréchal de Tourville organise la création de batteries défensives (ensemble des pièces d’artillerie et bâtiment affecté au logement des artilleurs) sur chacune des pointes de la baie ; Château de Bandol, Portissol, le Rayolet, la Cride, le Vieux Rayolet, le Cap Nègre, la Lauve et les Embiez, pour renforcer la défense des rades entre Marseille et Toulon.
La rade bordée de plages offre un mouillage sûr. Ces batteries ont pour vocation de la protéger, car elle reste un point stratégique susceptible de fragiliser le port de Toulon en cas d’attaque. Cette baie est le pendant de la rade d’Hyères, dans l’hypothèse d’un débarquement. Le littoral méditerranéen se dote donc d’ouvrages destinés à sa sauvegarde.
C’est ainsi qu’est fondée, en 1695, la batterie du Cap Nègre, sur un projet d’Antoine Niquet. Elle ne comporte, à l’origine, qu’un simple parapet construit en fer à cheval, ainsi qu’une plateforme d’artillerie. Le tout complété par un corps de garde (construction destinée à abriter les gardes) et un magasin à poudre. Viendront ensuite s’ajouter un mur d’enceinte crénelé et un fossé.
En 1795 s’y trouvent quatre canons et un mortier servis par 29 canonniers de la compagnie de Six-Fours.
A l’époque napoléonienne, selon un projet du 25 mai 1812, la batterie est reconstruite sous l’autorité du colonel Alexandre de Dianous, et reçoit un nouvel épaulement.
Une nouvelle batterie, qui ne conserve rien de la batterie antérieure, est mise en œuvre entre 1846 et 1850 sous la direction du chef du génie Joseph Corrèze, selon un projet confié au capitaine Huard. L’épaulement est refait sur un plan en étrave, pour six pièces (trois canons, trois obusiers, un mortier), et un réduit de batterie est construit sous la forme d’une tour crénelée type 1846 n°2.
Jugée obsolète et à déclasser dès 1873 par la commission de révision de la défense du territoire, la batterie reste cependant active et armée jusqu’en 1889.
Construction de tours « réduits » aux alentours de 1840, période de la crise d’Égypte
Sous Louis-Philippe, la crise franco-anglaise de 1840 révèle le manque de protection des côtes et des ports français. La nouvelle commission d’armement des côtes de 1841 propose la modernisation et l’harmonisation du matériel d’artillerie et des fortifications, avec la construction d’ouvrages regroupés sous le terme générique de «réduits », déclinés en 3 tailles entre 1846 et 1850.
Les batteries de la Cride à Sanary, le Cap Nègre et Saint Pierre aux Embiez sont ainsi réaménagées avec la construction de tours crénelées.
Ces tours « réduits » font partie des 23 ouvrages qui défendent Toulon.
Le « réduit » type n°2
Tour crénelée (construction standardisée) pour 40 hommes servant de réduit à une batterie de 6 pièces (plan carré à base pyramidale de 15m de côté et de 9m50 de hauteur). Construction 1846-1849. Il est important de comprendre que la dénomination « Batterie » désigne un ensemble de structures et non pas un bâtiment isolé.
Un réduit défensif type 1846 complète quasiment toujours une batterie d’artillerie de côte. Il est intégré dans un fossé afin d’être masqué des coups venus du large. La construction est en moellons basaltiques grossiers extraits du sol, les angles sont en pierres de taille calcaire issues des carrières de Cassis.
Les murs de forte épaisseur doivent résister aux tirs ennemis, les embrasures sont en briques pour en amoindrir les risques d’éclats. L’assemblage est au mortier de chaux.
Elle est composée de trois niveaux, dont deux voûtés, pour supporter les bombardements et le poids des canons de petits calibres :
1) Le rez de fossé, sous lequel se trouve la citerne est accessible uniquement du premier étage, par deux escaliers en pierre. Il est dédié aux magasins, à la cuisine, au stockage des vivres et des munitions. Les chambres d’artillerie et à poudre sont aveugles, percées seulement de barbacanes (meurtrières d’aération).
2) le niveau principal est desservi par un pont-levis à contrepoids et par un vestibule intérieur, défendu par un assommoir. Les murs sont percés de créneaux de fusillade pour la défense rapprochée. On y trouve les deux chambrées de la troupe. Les hommes de rang sont couchés dans des cadres garnis de literie ou dans des hamacs. Le chef de poste et le gardien sont logés séparément dans les alcôves de chaque côté de l’entrée. Le centre de la première salle comporte une trappe ou écoutille, permettant de descendre, à l’aide d’une poulie, barils de poudre, munitions et vivres à l’étage inférieur.
3) Le troisième niveau est une terrasse à ciel ouvert, munie d’un parapet crénelé pourvu de bretèches et d’embrasures pour l’emplacement des canons et aménagée pour recevoir les eaux pluviales afin d’alimenter la citerne du sous-sol.
L’armement est simplifié : 6 pièces d’artillerie
3 canons : tirs inférieurs à 45° (tendus, droits), boulets pleins
3 obusiers : tirs supérieurs à 45° (en cloche) projectiles creux explosifs.
Les latrines sont placées à l’extérieur.
Les petites batteries du littoral n’ont pas de garnison permanente en temps de paix et ne doivent servir au logement de soldats qu’en cas de guerre maritime longue. Avec ces constructions, la baie de Sanary et la rade du Brusc sont dès lors totalement couvertes par les tirs croisés.
Les réduits type 1846 ont été construits pour répondre aux besoins du début du XIXème siècle en matière de défense des côtes, mais leur réalisation intervient dans les années 1840-1860, alors que les avancées technologiques les rendent déjà obsolètes.
La seconde moitié du XIXème siècle est marquée par de nombreux bouleversements dans le domaine militaire. Au lendemain de la guerre de 1870, les côtes françaises sont équipées en nouveaux ouvrages, mieux protégés contre l’armement moderne et armés d’une artillerie capable de combattre les cuirassés. Les batteries sont menacées de déclassement au profit d’une nouvelle génération d’ouvrages fortifiés type « Séré de Rivières » (le système Séré de Rivières est un ensemble de fortifications bâti à partir de 1874, qui doit son nom à son concepteur et promoteur, le général Raymond Adolphe Séré de Rivières).
L’année 1889 marque la fin d’activité de la batterie du Cap Nègre au profit d’un nouveau fort situé à l’emplacement du vieux village de Six Fours.
De 1939 à aujourd’hui…
En 1939, un projecteur de défense anti-aérienne (DCA) est installé.
En novembre 1942, après le sabordage de la flotte de Toulon, les Italiens et les Allemands construisent un poste de guet et deux blockhaus pour empêcher l’accostage des plages.
Entre 1950 et 1960, les Forges et Chantiers de la Méditerranée utilisent la pointe du cap en terrain d’essais pour les chars d’assaut AMX 13. Ce bâtiment militaire et son parc appartenant à la Marine Nationale sont vendus par les Domaines à la commune de Six-Fours en 1991.
Au cours de l’année 1999, la batterie fait l’objet d’une importante opération de restauration et de mise en valeur culturelle.
Désormais ouverte au public, la tour abrite tout au long de l’année différents types d’expositions.